femmes de l'histoire : l'islam au féminin

Il y a quelques années, une de mes amies nous a affirmé que la femme est opprimée dans l’islam et pour preuve il n’y a pas de femmes savantes dans l’islam. Elle nous a dit « cité moi une seule femme savante, dans l’islam le rôle unique de la femme est d’élever ses enfants et servir son mari», ignorant qu’on était, on n’a pas su répondre. Des années sont passées depuis, et je me rends compte que beaucoup d’entre nous ont cette idée. Nous connaissons toutes Albokhari, Moslim, Ibno taymiya et d’autres, mais que connaissons-nous des femmes savantes dans l’islam ? Comment pouvons-nous prouver à toutes ces voix qui critiquent le statut de la femme dans l’islam qu’ils ont tort ?

J’avoue que le 8 mars à un rapport avec cette version spéciale de la newsletter. Ce jour a le don de m’irriter, comme s’il me disait : « tu vois, dans « les pays civilisés » on respecte la femme NOUS ». À travers les médias, les discussions je  n’entends parler que d’amalgame expliquant combien l’islam opprime la femme et combien grâce à « la civilisation » elle peut enfin avoir sa liberté. Qu’aujourd’hui elle peut être professeure, chercheuse ou même à la tête d’un pays. Alors j’ai décidé de vous montrer par l’exemple un des rôles de la femme durant l’histoire musulmane: bâtir la civilisation.

 En effet, l’islam a fait de la femme l’égale de l’homme en droits et en obligations et une sœur de celui-ci en matière de prescriptions, comme il lui a ouvert les portes de la science et de la connaissance sans condition ou restriction, ni abus ou contraintes. Ainsi, durant les époques de prospérité, elle a accédé aux plus hauts rangs de la société, a participé efficacement à la renaissance scientifique islamique et a contribué positivement à l’élévation de son édifice. Les savantes musulmanes ont pu ainsi émerger dans de nombreux domaines comme le hadith, le coran, l’enseignement, les sciences humaines, l’astrologie, la médecine et bien d’autres. Je ne pourrais certainement pas vous parler de toutes ces femmes, car il faudrait des livres et non une newsletter. Je vais cependant vous en citer quelques-unes pour que demain, vous puissiez lever la tête encore plus haut : parmi nos grands-mères, de grandes dames ont marqué l’histoire.

Je vais vous épargner l’histoire des femmes du prophète toutes aussi exceptionnelles les unes que les autres. Je ne vais vous citer que « Aicha » et « Hafsa ». Aicha était l’une des 5 personnes qui ont le plus rapporté sur le prophète sws avec plus de 2220 hadiths. Agé de moins de 20 ans,  elle été déjà consulté par plusieurs des compagnons du prophète sws sur des questions juridiques, historiques, littéraires et même médicales. Quant à « Hafsa », elle était lettrée et instruite. Elle garda  précieusement les parchemins et les tables sur lesquels était inscrit le Coran. Elle devint plus tard, quand les musulmans voulurent réunir les différentes parties du Coran pour en faire un livre, la conservatrice vers laquelle les copistes allaient vérifier leurs sources.

A la période des Successeurs, les femmes occupèrent d’importants postes, citons par exemple Hafsa fille d’Ibn Sirin, Umm Al-Darda et Amra bint Abd Al-Rahman. Hafsa fille d’Ibn Sirin maitrisait parfaitement les sciences du coran au point que son frère, un célèbre savant, orientait les gens vers elle quand il ne savait répondre. Amra quant à elle était appréciée comme étant une grande savante en matière de traditions rapportées par Aisha. Enfin Umm Al-Darda été considéré supérieure à ces autres homologues masculins y compris les célèbres maîtres de hadith Al-Hasan Al Basri et Ibn Sirin. A cette même époque, nombre de femmes donnaient des cours publics d’une grande réputation. Parmi elles, citons Abida Al-Madaniyya, Abda bint Bishr, Umm Umar Al-Thaqafiyya, Zaynab petite fille d’Ali ibn Abd Allah ibn Abbas, Nafisa bint Al-Hasan ibn Ziyad (professeur de l'imam Echafi'i), Khadija Umm Muhammad, Abda bint Abd Al-Rahman, Karima Al-Marwaziyya(autorité de référence de sahih al bokhari)  et bien d’autre. Notons au passage que le statut social de ces femmes différe entre princesses, filles de savants et esclaves : le genre féminin n’était pas un obstacle à l’acquisition des sciences islamiques. Abou Hayyan, le célèbre interprète du Saint-Coran, a cité 3 femmes parmi ses professeurs, Mou'nisa El Ayyoubiyya (la fille du Sultan El Adil le frère de Salah Eddine El Ayyoubi), Zeinab (la fille de l'historien voyageur Abdelatif El Baghdadi) et Chamiyya Ettamimiyya. 

Ala Eddine Essamarqandi un des plus célèbres spécialistes de jurisprudence islamique, se référait souvent à sa fille Fatima Bint Ala Eddine Essamarqandi (une merveille d'intelligence et de génie). Ainsi, la réponse aux requêtes portait la signature du père et de sa fille. 

La liste est encore très longue, les livres d’histoire et les autobiographies abondent des milliers de personnalités féminines dans les sciences du coran et du hadith. Le livre d’Ibn Hajar à lui seul donne de courtes indications bibliographiques au sujet d'environ 170 femmes de renom du huitième siècle.

La  littérature est un autre domaine où certaines femmes ont gravé leurs noms comme wallada bint Moustakfi, al khansae, safia alozafia. Grenade semble être la cité de littérature féminine avec plus de 170 femmes calligraphes dans le seul quartier de Cordoue. La majorité des villes musulmanes avaient leur propre salon littéraire et la plupart était dirigé par des femmes, citons par exemple celui de Nezhoun et celui de Wallada au 12ème siècle.

Dans le domaine scientifique, citons maryam ostorlabi (a inventé l’Ostorlab l’ancêtre de la boussole),  la fille d'Abou Bakr Mohammed Ibn Marwan ibn Zahr (l’une des plus grands médecins et chirurgiennes de son époque), El Aliya (fille de Taïb Ben Kirane, elle donnait des cours de logique, à la mosquée andalouse à Fez) et bien d’autres.

À travers l'histoire, l'érudition des femmes savantes en islam ne se limitait pas à un simple intérêt pour les traditions ou à des cours particuliers dispensés à quelques individus. Elles passèrent sur les bancs des étudiants avant de devenir enseignantes dans les institutions d'éducation publique, aux côtés de leurs frères en foi. De nombreux manuscrits les représentent à la fois en tant qu'étudiantes assistant à des cours magistraux qu'en tant que professeurs titulaires.  C’est qu’à partir du 16ème siècle que le rôle de la femme a commencé à se décliner. Nos grandes mères ont dessiné le chemin à nous aujourd’hui de le suivre … 

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